La seconde moitié des années 20 aux Etats-Unis oblige les stations de radios à repenser leur modèle économique. En effet, l’entretien d’un orchestre de musiciens à demeure est très coûteux, passer des disques l’est beaucoup moins. Mais le problème est que le disque est «froid», il ne remplace pas la chaleur de la situation sociale qu’est le concert live ; en introduisant un tissu de médiation entre l’auditeur et l’auteur : l’artiste, son œuvre jouée par les instrumentistes, enregistrée sur un support, et diffusé par la radio. Dans le cas où la musique est jouée à la radio par des instrumentistes, ceux-ci constituent les messagers, ils sont les porte-voix de l’auteur. Mais dans le cas où la radio passe des disques, alors il n’y a plus de messagers.
Le problème économique est résolu mais cette nouvelle situation sociale porte à réflexion.
C’est à ce moment historique qu’intervient la figure du DJ. L’un des premiers est Martin Block, un commerçant New Yorkais qui a recréé artificiellement l’atmosphère de chaleur d’une party, d’une ambiance de club.
Ensuite arrive la guerre qui voit naître, notamment en France, les clubs et discothèques. La raison est que durant l’occupation, la Wehrmacht interdit que l’on joue du jazz. Et pour contourner cette interdiction, on installe des haut-parleurs et tourne-disque qui ne font que «reproduire» et pas «jouer». La distinction est subtile mais permet ainsi de continuer à écouter de la musique jazz et à danser dans les caves de la Rive Gauche.
En Amérique, la communication de masse, radio et télévision, popularise et diffuse très largement la musique par le biais du disque et de son médiateur : le DJ. Allan Freed (dont la légende dit qu’il est l’inventeur du rock’n’roll, une sorte de «White Negro») enfièvre des centaines de milliers d’américains en passant des disques et en assurant les transitions en usant de poésie concrète et de musique bruitiste et atonale. Il hurle, profère des cris d’animaux, et réunit noirs et blancs autour des rythmes endiablés de rock et r’n’b. Cela lui vaudra une mise en accusation pour incitation à l’émeute et à l’anarchie en 1958.
La musique pop prend conscience qu’elle est capable de déclencher des mouvements sociaux.
Succède à Allan Freed, Dick Clarck, qui affadit le club en un thé dansant, mais qui convient mieux à la politique de l’état.
La tendance électronique s’amplifie dans les clubs, notamment dans les clubs gays afro-américains de New York dans les années 60 où les DJ passent de la soul et de la funk. Le club devient un avatar de la radio et de la télévision, un média de masse. Une nouvelle époque est née avec le DJ Terry Noel, considéré comme le premier DJ-auteur et précurseur de notre époque. Il mixe les disques de soul et de funk en insérant des cuts de musique africaine et des sections rythmiques issus de musiques extra-occidentales.
A partir de Terry Noel, le disque devient à la fois support de mémoire et matériau brut pour la création.
Martin
Block
Introduction
de son émission :
Allan
Freed
Documentaire
en trois parties :
Extrait
d’une émission (1954) :