L'ABC de la Dernière Major
Extrait du livret de Beaubourg, la dernière Major !, textes de Serge Bozon
"Au lieu des éternels "X travaille la question de l'identité sexuelle", "Y interroge la notion d'exil", "Z questionne le rapport aux images publicitaires", etc. (comme si tout artiste contemporain se devait d'abord d'être un para-philosophe), nous souhaitons axer notre occupation sur le travail artisanal de cinéastes commerciaux (à savoir ceux dont les films sortent ou sortaient en salles, ce qui exclut d'office les vidéastes, plasticiens, etc.). Le slogan de Robocop était :" 50% homme, 50% robot - 100% flic". Celui de La dernière Major pourrait être : "0% art contemporain, 0% sciences humaines, 0% transversalisme - 100% cinéma".
L'exclusivité en jeu n'aura rien de patrimoniale, car il ne s'agit pas de demander à des historiens de parler de films, à des critiques de discuter avec tel ou tel auteur de films... Non, il s'agit dans l'idéal de poser à chaque fois une question artisanale à un cinéaste français contemporain, en relation à la réponse d'un ancien cinéaste français à cette même question. Question artisanale, à savoir : question de direction d'acteur, d'étalonnage, de prise de son, de technique d'animation, de technique de production, de choix de pellicule, d'écriture de gags, etc. Et la réponse du cinéaste contemporain à cette question artisanale ne prendra pas la forme d'une conférence magistrale, mais d'un exercice pratique, d'une intervention, performance si on veut, et conduira parfois à un spectacle en soirée. Nous avons en effet découvert par hasard en travaillant sur ce programme que tous les cinéastes choisis sont aussi des acteurs. En un mot : 100 ans de cinéma français revus et interprétés à la loupe de l'artisanat présent.
Enfin, comme risque artisanal propre accompagnant cette traversée d'un siècle, le tournage en dix jours, dans les coulisses des interventions-spectacles, d'un film de Serge Bozon écrit par Axelle Ropert, L'imprésario, l'histoire d'un coup de foudre entre une journaliste et un imprésario qu'elle vient interviewer. Ce principe fictionnel permettra d'intégrer au montage des captures des activités quotidiennes, réactions du public incluses, tout invité se retrouvant, dans la fiction, managé par l'imprésario en question, et donc acteur du film. "
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