jeudi 30 août 2012

Nadia Boulanger (1887-1979)


Nadia Boulanger est une pianiste, organiste, chef d’orchestre et pédagogue française qui a exercé une influence considérable sur la vie musicale du 20eme siècle finissant.
Issue de quatre générations de musiciens, son père est un compositeur reconnu tandis que sa mère est issue d’une famille princière de Russie. Dans les années 20, Nadia arrête de composer. Elle veut se concentrer sur la promotion de l’oeuvre de sa soeur Lili décédé à l’âge de 24ans.



En 1925, Nadia fit sensation aux Etats Unis lors d’une tournée en tant qu’organiste. Elle commença ensuite à donner des cours au Conservatoire Américain de Fontainebleau. Tout les plus grands vinrent ainsi prendre des cours avec La fameuse Mademoiselle Nadia Boulanger. Mais, Nadia ne faisait jamais aucunes confidence la concernant ou concernant les innombrables personnalités du monde artistique qui avaient été ses intimes. Elle était aimée et adulée de tous, quant à elle, son monde était  « Un monde fait de rigueur, d’intransigeance, mais aussi, la technique musicale une fois dominée, d’abandon au mystère de l’inspiration. Car si elle était impérieuse et draconienne, envers les autres autant qu’envers elle-même, elle irradiait également la tendresse, l’humour, et la joie de faire de la musique. » Bruno Monsaingeon.

On entend souvent parler des "Mercredis de Nadia Boulanger". Ces célèbres mercredis étaient un cours qu’elle donnait chez elle à une 50aine de personnes qui venaient étudier et résoudre un problème musical. Puis, petit à petit, en même temps que sa réputation grandissait,  les mercredis de Nadia Boulanger se transformèrent, et de plus en plus de personnalités furent au rendez vous, transformant ainsi son salon en un haut-lieu parisien.

Parmis ces 1200 élèves on nomme Aaron Copland, Philip Glass, Pierre Henry, mais aussi d'autres artistes comme Quincy Jones ou Pierre Schaeffer, père de la musique concrète et électroacoustique .


Leonard Berstein, qui fut un précieux ami de Nadia Boulanger, nous raconte :

La dernière fois que je rendis visite à Nadia fut le jour de son dernier anniversaire
Qu’elle était belle, Nadia, dans sa toilette impeccable et quasi mortuaire, prête pour le cercueil. Un crucifix resplendissait, attaché à son cou. Ses yeux et sa bouche étaient clos dans un coma qui envahissait son visage. Je m’agenouillai auprès de son lit en une communion silencieuse. Mais soudain, il y eut le choc de sa voix, profonde et forte comme elle l’avait toujours été :
« Qui est là ? »
Dans ma stupéfaction, je n'arrivais pas à répondre.

L’index de Mademoiselle Dieudonné était déjà sur ses lèvres, comme pour imposer le silence.
Je me risquai enfin à parler :
« C’est Lenny, Léonard… »


Silence. Avait-elle entendu, avait-elle compris ? 


« Cher Lenny… » 

Elle savait. Instant miraculeux. 

Je persévérai : 

« Chère Nadia, comment vous sentez-vous ? » 

Une pause. Puis à nouveau, à travers ses lèvres immobiles, son basso profundo : 
« Tellement forte ». 
Je repris mon souffle. 
« Vous voulez dire…intérieurement ? » 
- Oui, mais le corps… ! 
- Je comprends bien, murmurai-je rapidement pour ne pas prolonger ses efforts. 
« Je pars. Vous devez être très fatiguée ». 
- « Pas de fatigue. Point… » 
A la longue pause qui suivit, je réalisai qu’elle était retombée dans son sommeil.


Sidérées, les dames de compagnie me firent signe que je ferais bien de partir, mais je restai cloué là, incapable de me relever. Je savais qu’autre chose allait se produire et en effet, au bout de quelques minutes : 


« Ne partez pas. » Pas une prière, un ordre. Très ému, je cherchais quoi dire qui fut à propos, sachant que tout pouvait tomber à côté. C’est alors que je m’entendis lui demander : 

« Vous entendez de la musique dans votre tête ? » 

La réponse fut immédiate : 

« Tout le temps, tout le temps. » 

Encouragé, je continuai, comme dans une conversation de tous les jours : 
« Et qu’entendez-vous en ce moment ? » 
Je pensais à tout ce qu’elle avait le plus aimé. « Mozart ? Monteverdi ?Bach ? Stravinsky ? Ravel ? ». Long et nouveau silence. 
« Une musique…(pause prolongée)…ni commencement, ni fin… » 
Elle était déjà là-bas, sur l’autre rive.

Aujourd’hui,Nadia, aux cotés de sa soeur Lili, continu d’exister à travers Le centre International Nadia et Lili Boulanger. Détenteur du droit moral et patrimonial des deux soeurs musiciennes, le centre s’est fixé pour but de veiller à la pérennité de leur souvenirs en s’appliquant à donner à leurs oeuvres et à leurs archives le maximum de diffusion. Pour cela des bourses d’études sont attribuées à de jeunes musiciens extrêmement talentueux et des concours de chant et piano sont organisés.

Je vous invite vivement à regarder le film de Bruno Monsaingeon illustrant avec émoi et réalisme le portrait de Mademoiselle Nadia Boulanger.

Et pour conclure avec les mots du réalisateur,

Nadia Boulanger était et demeure une légende.


Maïlys Blanchard


1 commentaire:

  1. Cet article est très bien fait, il donne vraiment envie d'en apprendre plus sur Nadia Boulanger, que je ne connaissais pas.
    La vidéo en lien à la fin est véritablement passionnante, cool!
    Marie

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