vendredi 23 novembre 2012

La déferlante Gangnam Style :

Le chanteur Psy sort ce single le 15 juillet 2012 et devient immédiatement N°1 au classement sud-coréen.

A présent, son clip est la 2ème vidéo la plus regardée sur YouTube (795 millions de vue), juste derrière "Baby" de Justin Bieber (803 millions de vues), une guerre est déclarée entre leurs fans respectifs, car la place de vidéo la plus vue au monde est très convoitée !
Fort de ce succès, Psy va faire le tour du monde des radios et des émissions télés en mettant au pas (du Gangnam Style) des présentateurs, animateursn chanteurs (cf. photo avec Britney Spears), mais aussi des inconnus (cf "flashmob Trocadéro, Paris").


Véritable phénomène mondial, Psy séduit par sa rythmique innée, sa décontraction et sa bonne humeur apparente.

Le Mardi 13 novembre 2012, c'est Madonna, la reine de la pop, qui a invité le roi de la K-Pop (pop coréenne) sur la scène du Madison Square Garden de New York pour chanter et danser sur son tube à présent planétaire.


A croire qu'il va falloir ajouter une position se terminant par "style' au Kamasutra...

M.L.R.





vendredi 16 novembre 2012

Médias de masse et musique populaire aux Etats-Unis :




La seconde moitié des années 20 aux Etats-Unis oblige les stations de radios à repenser leur modèle économique. En effet, l’entretien d’un orchestre de musiciens à demeure est très coûteux, passer des disques l’est beaucoup moins. Mais le problème est que le disque est «froid», il ne remplace pas la chaleur de la situation sociale qu’est le concert live ; en introduisant un tissu de médiation entre l’auditeur et l’auteur : l’artiste, son œuvre jouée par les instrumentistes, enregistrée sur un support, et diffusé par la radio. Dans le cas où la musique est jouée à la radio par des instrumentistes, ceux-ci constituent les messagers, ils sont les porte-voix de l’auteur. Mais dans le cas où la radio passe des disques, alors il n’y a plus de messagers.

Le problème économique est résolu mais cette nouvelle situation sociale porte à réflexion.

C’est à ce moment historique qu’intervient la figure du DJ. L’un des premiers est Martin Block, un commerçant New Yorkais qui a recréé artificiellement l’atmosphère de chaleur d’une party, d’une ambiance de club. 

Ensuite arrive la guerre qui voit naître, notamment en France, les clubs et discothèques. La raison est que durant l’occupation, la Wehrmacht interdit que l’on joue du jazz. Et pour contourner cette interdiction, on installe des haut-parleurs et tourne-disque qui ne font que «reproduire» et pas «jouer». La distinction est subtile mais permet ainsi de continuer à écouter de la musique jazz et à danser dans les caves de la Rive Gauche. 

En Amérique, la communication de masse, radio et télévision, popularise et diffuse très largement la musique par le biais du disque et de son médiateur : le DJ. Allan Freed (dont la légende dit qu’il est l’inventeur du rock’n’roll, une sorte de «White Negro») enfièvre des centaines de milliers d’américains en passant des disques et en assurant les transitions en usant de poésie concrète et de musique bruitiste et atonale. Il hurle, profère des cris d’animaux, et réunit noirs et blancs autour des rythmes endiablés de rock et r’n’b. Cela lui vaudra une mise en accusation pour incitation à l’émeute et à l’anarchie en 1958. 

La musique pop prend conscience qu’elle est capable de déclencher des mouvements sociaux.

Succède à Allan Freed, Dick Clarck, qui affadit le club en un thé dansant, mais qui convient mieux à la politique de l’état. 

La tendance électronique s’amplifie dans les clubs, notamment dans les clubs gays afro-américains de New York dans les années 60 où les DJ passent de la soul et de la funk. Le club devient un avatar de la radio et de la télévision, un média de masse. Une nouvelle époque est née avec le DJ Terry Noel, considéré comme le premier DJ-auteur et précurseur de notre époque. Il mixe les disques de soul et de funk en insérant des cuts de musique africaine et des sections rythmiques issus de musiques extra-occidentales. 

A partir de Terry Noel, le disque devient à la fois support de mémoire et matériau brut pour la création. 


         Ilan Kaddouch



Martin Block
Introduction de son émission :


Allan Freed
Documentaire en trois parties :

Extrait d’une émission (1954) :

lundi 5 novembre 2012

La mort de l' "auteur" dans les musiques électroniques.


Résumé de l’article d’Elie During dans Sonic Process, Une nouvelle géographie des sons, Centre Pompidou, Paris, 2002.

Dans cet article le philosophe Elie During s’interroge sur la mort de la notion d’auteur dans les musiques électroniques. Deux types de discours entourent cette musique, celui qui place le DJ comme maître de cérémonies de transes où s’opèrent une fusion des corps, et un autre où le DJ n’est qu’un opérateur d’une technologie qui le dépossède de son statut d’auteur. Donc le DJ est tantôt orienté vers le lien social, tantôt vers les objets.
Pour preuve de la disparition de l’auteur on peut citer les musiciens KLF (Kopyright Liberation Front) pour qui «les tubes n’ont jamais été fabriqués qu’à partir d’autres tubes». Les musiques technos élaborent des stratégies de disparition : la voix disparaît, les musiciens quittent la scène, ils développent l’anonymat ou les identités multiples, et s’effacent derrière le nom de leur label comme le label «M». L’artiste était l’auteur et le propriétaire de son œuvre, à présent ce sont les «ateliers-labels» qui marquent les produits.


L’artiste techno devient artisan produisant des gestes avec le medium technologique : l’invention du dubbing* par King Tubby, le fondu enchaîné entre deux disques par Francis Grosso, le punch phasing*, back spinning et le scratch par Grandmaster Flash… L’œuvre est une sorte de prolongement des gestes du DJ. Sun Ra disait : «Je suis un instrument», et Juan Atkins «Je veux que ma musique soit un dialogue entre ordinateurs… Je veux qu’elle sonne comme si c’était un technicien qui l’avait faite». On est ici à l’opposé de la conception de l’artiste romantique démiurge et tout puissant qui fait émerger l’œuvre du néant.
Elie During explique que la mort de l’auteur n’est pas née du jour au lendemain, mais doit être contextualisée et se comprendre dans l’histoire de la performance du DJ dont l’objet est de faire danser. Il y a une transition du DJ exécutant qui passe des disques en soirée, au DJ compositeur et DJ artiste. Le rôle premier du DJ est de faire danser, et donc de faire durer la musique toute la nuit. Il joue la face A et B du disque et le démembre ensuite dans la pratique du dub. De cette façon, le morceau passe de 3 minutes à 20 ou 30 minutes. Plus tard, le DJ compositeur considérera le disque ou le morceau existant comme un matériau de base pour sa création, notamment avec le sampling* ou découpage-collage. L’artisan techno cherche simplement à produire une musique suffisamment construite pour fonctionner dans son contexte dancefloor ou autre.
La première disparition de l’auteur réside dans le fait que le DJ est un passeur, il s’approprie ce qu’il entend pour le redistribuer à ses amis ou son public.
La seconde disparition de l’auteur est l’avènement de l’écoute distraite comme le prône Brian Eno entre autres : «Si on laisse sa personnalité hors du cadre, on invite l’auditeur à y entrer».

                                                          Ilan Kaddouch


Dubbing: technique de remixage des différentes pistes d’un morceau par l’adjonction de divers effets comme le delay, la réverbération ou l’écho.
Punch Phasing: technique nécessitant deux disques et deux platines, et consistant à faire jouer le rythme de l’un sur la musique de l’autre.
Sampling: création musicale assistée par un échantillonneur (appareil stockant des échantillons de sons variés).