vendredi 21 décembre 2012

Du son émanant des armes

L'ambition d'un monde meilleur . Sans armes. C'est le projet de Pedro Reyes, un architecte et sculpteur mexicain. Son idée est simple, transformer ces"instruments de la mort" en "instruments de la vie".





Son initiative, nommée Imagine (en référence à la chanson de Lennon), consiste à recycler 6700 armes récupérées par les autorités liées au crime organisé - et de les transformer en 50 instruments de musique 100% fonctionnels. L'artiste, informé que des cargaisons récupérées dans les cartels de drogue allées être détruites, a lancé en 2010 cette initiative initialement appelée PALAS POR PISTOLAS. Cette démarche est un geste symbolique visant à dénoncer la violence par les armes, mais aussi la constatation que les armes sont au final issues des grandes entreprises "légales" qui motivent les économies des pays les plus développés  pour, de fil en aiguille, tomber dans les mains des pays les plus pauvre et donner le pouvoir aux grands trafiquants qui font des villes leur terrain de jeu.


A.C

mercredi 19 décembre 2012

JEI et CIR: de bon augure pour Akoustic Arts !

Nous sommes fiers de vous annoncer qu’Akoustic Arts a reçu l’agrément JEI (jeunes entreprises innovantes) et CIR (Crédit Impôt Recherche) attribué par le ministère de la recherche. Akoustic Arts est également devenu membre de l’association Croissance Plus regroupant les 350 entreprises françaises les plus innovantes.
Pour toute entreprise (partenaire ou client) qui fait appel à Akoustic Arts dans le cadre de travaux R&D éligibles au titre d’un programme de recherche, celle-ci pourra bénéficier d’un crédit d’impôt égal à 30% sur les dépenses engagées.

N'hésitez pas à visiter notre site:  http://www.akoustic-arts.fr/

mardi 18 décembre 2012

Dr.Dre et Trent Reznor futurs concurrents de deezer ?


En cette fin d'année, nous apprenons que le marché de la musique en ligne gratuite, dominé par Deezer ou encore Spotify avec plus d'un million d'abonnés chacun, va voir deux nouveaux arrivants  en 2013.

Le premier, annoncé par le créateur et leader du groupe de rock industriel Nine Inch Rail, Trent Reznor, porterait le nom de "Daisy". Ce projet, initialement imaginé par la marque de Dr.Dre, Beat by Dr.Dre, devrait être lancé en milieu d'année, et déclaré sous la forme d'une plateforme d'écoute musicale en continu sur le web. La principale innovation proposée: Daisy utiliserait les mathématiques pour que titres et artistes soient suggérés par une communauté d'utilisateurs et d'experts, et non par un moteur de recherche comme à l'habitude. Comme l'évoque Trent Reznor dans le magasine "New-Yorker", les concurrents proposent «des millions de morceaux [...] mais l'on ne fait pas de découvertes [...] Il manque un service à travers lequel on pourrait bénéficier d'un aiguillage intelligent» et où «l'humain et la machine seront plus intimement liés».

Pour le deuxième, c'est sous la forme d'une annonce sur son blog - "Hello, Dropbox", qu'AudioGalaxy explique avoir été racheté par un des leaders du stockage de données personnelles, Dropbox, ce jeudi 13 décembre dernier.

Nous n'en savons pas plus en ce qui concerne ce rachat soudain par Dropbox, mais ce qui est sûr, c'est que les deux nouveaux poulains du marché de l'écoute gratuite de musique en ligne vont avoir du pain sur la planche pour arriver à la cheville des déjà grands Deezer, Spotify.. Surtout que la concurrence est rude, car il faut aussi compter sur les iTunes, Google Play ou encore Xbox music de Microsoft qui ne comptent pas se laisser faire. Affaire à suivre donc.

A.C

vendredi 14 décembre 2012

Samples.fr : retrouver les chansons oubliées !


Vous avez toujours voulu savoir d'où viennent les samples de vos chansons préférées ? Ne cherchez plus, Yann de Samples.fr l'a fait pour vous !
Samples.fr est une énorme base de données de chansons actuelles (ou non) répertoriées avec leurs samples d'origine.
Vous pouvez bien entendu suggérer les samples que vous avez reconnus, beaucoup sont simplement des contributions d'internautes passionnés.

Certains articles sont eux consacrés à de très bons reportages sur le sampling en général.
Vous n'écouterez plus vos chansons préférées d'une même oreille !


Une petite sélection de mes articles préférés : Robbie Williams - One-T - Lilly Allen



B.E.

vendredi 7 décembre 2012

Installation aux Sentiers de Claye-Souilly

Nous sommes heureux d'avoir collaboré avec la société Klépierre sur le centre commercial de Claye-Souilly.
Laurent Berry, directeur du centre a mené à bien ce projet de grande ampleur de 115 millions d'euros. Il favorise aussi le développement économique et social de la région et a obtenu le label environnemental BREEAM Very Good.

Akoustic Arts a réalisé au sein de ce projet le design et l'identité sonore des galeries du centre avec trois espaces dédiés :


> L'Aquarium



"Ruissellement sur plafond"



Installation sonore composée de 10 lasers sonores en réflexion et 8 en son direct/ douche sonore.




> Le Cerf


"Vent sur verrière et sol"




Installation sonore composée de 8 lasers sonores en rélfexion et 4 en son direct/douche sonore.

> Le Héron



"Oiseaux sur mur"



Installation sonore composée de 4 lasers sonores en rélfexion.


Toutes ces installations sont des créations originales de la part d'Akoustic Arts, et ce projet "Clés en main" répond à un cahier des charges très précis en termes d'identité, de contraintes techniques, acoustiques et technologiques.

Cette installation est la plus ambitieuse jamais créée dans un centre commercial à ce jour et la société Klépierre est la première à prendre conscience que le son est un facteur d'ambiance très important, surtout dans un centre commercial.

B.E.

vendredi 23 novembre 2012

La déferlante Gangnam Style :

Le chanteur Psy sort ce single le 15 juillet 2012 et devient immédiatement N°1 au classement sud-coréen.

A présent, son clip est la 2ème vidéo la plus regardée sur YouTube (795 millions de vue), juste derrière "Baby" de Justin Bieber (803 millions de vues), une guerre est déclarée entre leurs fans respectifs, car la place de vidéo la plus vue au monde est très convoitée !
Fort de ce succès, Psy va faire le tour du monde des radios et des émissions télés en mettant au pas (du Gangnam Style) des présentateurs, animateursn chanteurs (cf. photo avec Britney Spears), mais aussi des inconnus (cf "flashmob Trocadéro, Paris").


Véritable phénomène mondial, Psy séduit par sa rythmique innée, sa décontraction et sa bonne humeur apparente.

Le Mardi 13 novembre 2012, c'est Madonna, la reine de la pop, qui a invité le roi de la K-Pop (pop coréenne) sur la scène du Madison Square Garden de New York pour chanter et danser sur son tube à présent planétaire.


A croire qu'il va falloir ajouter une position se terminant par "style' au Kamasutra...

M.L.R.





vendredi 16 novembre 2012

Médias de masse et musique populaire aux Etats-Unis :




La seconde moitié des années 20 aux Etats-Unis oblige les stations de radios à repenser leur modèle économique. En effet, l’entretien d’un orchestre de musiciens à demeure est très coûteux, passer des disques l’est beaucoup moins. Mais le problème est que le disque est «froid», il ne remplace pas la chaleur de la situation sociale qu’est le concert live ; en introduisant un tissu de médiation entre l’auditeur et l’auteur : l’artiste, son œuvre jouée par les instrumentistes, enregistrée sur un support, et diffusé par la radio. Dans le cas où la musique est jouée à la radio par des instrumentistes, ceux-ci constituent les messagers, ils sont les porte-voix de l’auteur. Mais dans le cas où la radio passe des disques, alors il n’y a plus de messagers.

Le problème économique est résolu mais cette nouvelle situation sociale porte à réflexion.

C’est à ce moment historique qu’intervient la figure du DJ. L’un des premiers est Martin Block, un commerçant New Yorkais qui a recréé artificiellement l’atmosphère de chaleur d’une party, d’une ambiance de club. 

Ensuite arrive la guerre qui voit naître, notamment en France, les clubs et discothèques. La raison est que durant l’occupation, la Wehrmacht interdit que l’on joue du jazz. Et pour contourner cette interdiction, on installe des haut-parleurs et tourne-disque qui ne font que «reproduire» et pas «jouer». La distinction est subtile mais permet ainsi de continuer à écouter de la musique jazz et à danser dans les caves de la Rive Gauche. 

En Amérique, la communication de masse, radio et télévision, popularise et diffuse très largement la musique par le biais du disque et de son médiateur : le DJ. Allan Freed (dont la légende dit qu’il est l’inventeur du rock’n’roll, une sorte de «White Negro») enfièvre des centaines de milliers d’américains en passant des disques et en assurant les transitions en usant de poésie concrète et de musique bruitiste et atonale. Il hurle, profère des cris d’animaux, et réunit noirs et blancs autour des rythmes endiablés de rock et r’n’b. Cela lui vaudra une mise en accusation pour incitation à l’émeute et à l’anarchie en 1958. 

La musique pop prend conscience qu’elle est capable de déclencher des mouvements sociaux.

Succède à Allan Freed, Dick Clarck, qui affadit le club en un thé dansant, mais qui convient mieux à la politique de l’état. 

La tendance électronique s’amplifie dans les clubs, notamment dans les clubs gays afro-américains de New York dans les années 60 où les DJ passent de la soul et de la funk. Le club devient un avatar de la radio et de la télévision, un média de masse. Une nouvelle époque est née avec le DJ Terry Noel, considéré comme le premier DJ-auteur et précurseur de notre époque. Il mixe les disques de soul et de funk en insérant des cuts de musique africaine et des sections rythmiques issus de musiques extra-occidentales. 

A partir de Terry Noel, le disque devient à la fois support de mémoire et matériau brut pour la création. 


         Ilan Kaddouch



Martin Block
Introduction de son émission :


Allan Freed
Documentaire en trois parties :

Extrait d’une émission (1954) :

lundi 5 novembre 2012

La mort de l' "auteur" dans les musiques électroniques.


Résumé de l’article d’Elie During dans Sonic Process, Une nouvelle géographie des sons, Centre Pompidou, Paris, 2002.

Dans cet article le philosophe Elie During s’interroge sur la mort de la notion d’auteur dans les musiques électroniques. Deux types de discours entourent cette musique, celui qui place le DJ comme maître de cérémonies de transes où s’opèrent une fusion des corps, et un autre où le DJ n’est qu’un opérateur d’une technologie qui le dépossède de son statut d’auteur. Donc le DJ est tantôt orienté vers le lien social, tantôt vers les objets.
Pour preuve de la disparition de l’auteur on peut citer les musiciens KLF (Kopyright Liberation Front) pour qui «les tubes n’ont jamais été fabriqués qu’à partir d’autres tubes». Les musiques technos élaborent des stratégies de disparition : la voix disparaît, les musiciens quittent la scène, ils développent l’anonymat ou les identités multiples, et s’effacent derrière le nom de leur label comme le label «M». L’artiste était l’auteur et le propriétaire de son œuvre, à présent ce sont les «ateliers-labels» qui marquent les produits.


L’artiste techno devient artisan produisant des gestes avec le medium technologique : l’invention du dubbing* par King Tubby, le fondu enchaîné entre deux disques par Francis Grosso, le punch phasing*, back spinning et le scratch par Grandmaster Flash… L’œuvre est une sorte de prolongement des gestes du DJ. Sun Ra disait : «Je suis un instrument», et Juan Atkins «Je veux que ma musique soit un dialogue entre ordinateurs… Je veux qu’elle sonne comme si c’était un technicien qui l’avait faite». On est ici à l’opposé de la conception de l’artiste romantique démiurge et tout puissant qui fait émerger l’œuvre du néant.
Elie During explique que la mort de l’auteur n’est pas née du jour au lendemain, mais doit être contextualisée et se comprendre dans l’histoire de la performance du DJ dont l’objet est de faire danser. Il y a une transition du DJ exécutant qui passe des disques en soirée, au DJ compositeur et DJ artiste. Le rôle premier du DJ est de faire danser, et donc de faire durer la musique toute la nuit. Il joue la face A et B du disque et le démembre ensuite dans la pratique du dub. De cette façon, le morceau passe de 3 minutes à 20 ou 30 minutes. Plus tard, le DJ compositeur considérera le disque ou le morceau existant comme un matériau de base pour sa création, notamment avec le sampling* ou découpage-collage. L’artisan techno cherche simplement à produire une musique suffisamment construite pour fonctionner dans son contexte dancefloor ou autre.
La première disparition de l’auteur réside dans le fait que le DJ est un passeur, il s’approprie ce qu’il entend pour le redistribuer à ses amis ou son public.
La seconde disparition de l’auteur est l’avènement de l’écoute distraite comme le prône Brian Eno entre autres : «Si on laisse sa personnalité hors du cadre, on invite l’auditeur à y entrer».

                                                          Ilan Kaddouch


Dubbing: technique de remixage des différentes pistes d’un morceau par l’adjonction de divers effets comme le delay, la réverbération ou l’écho.
Punch Phasing: technique nécessitant deux disques et deux platines, et consistant à faire jouer le rythme de l’un sur la musique de l’autre.
Sampling: création musicale assistée par un échantillonneur (appareil stockant des échantillons de sons variés). 

vendredi 19 octobre 2012

Beaubourg , la dernière major !


L'ABC de la Dernière Major

Extrait du livret de Beaubourg, la dernière Major !, textes de Serge Bozon

"Au lieu des éternels "X travaille la question de l'identité sexuelle", "Y interroge la notion d'exil", "Z questionne le rapport aux images publicitaires", etc. (comme si tout artiste contemporain se devait d'abord d'être un para-philosophe), nous souhaitons axer notre occupation sur le travail artisanal de cinéastes commerciaux (à savoir ceux dont les films sortent ou sortaient en salles, ce qui exclut d'office les vidéastes, plasticiens, etc.). Le slogan de Robocop était :" 50% homme, 50% robot - 100% flic". Celui de La dernière Major pourrait être : "0% art contemporain, 0% sciences humaines, 0% transversalisme - 100% cinéma". 

L'exclusivité en jeu n'aura rien de patrimoniale, car il ne s'agit pas de demander à des historiens de parler de films, à des critiques de discuter avec tel ou tel auteur de films... Non, il s'agit dans l'idéal de poser à chaque fois une question artisanale à un cinéaste français contemporain, en relation à la réponse d'un ancien cinéaste français à cette même question. Question artisanale, à savoir : question de direction d'acteur, d'étalonnage, de prise de son, de technique d'animation, de technique de production, de choix de pellicule, d'écriture de gags, etc. Et la réponse du cinéaste contemporain à cette question artisanale ne prendra pas la forme d'une conférence magistrale, mais d'un exercice pratique, d'une intervention, performance si on veut, et conduira parfois à un spectacle en soirée. Nous avons en effet découvert par hasard en travaillant sur ce programme que tous les cinéastes choisis sont aussi des acteurs. En un mot : 100 ans de cinéma français revus et interprétés à la loupe de l'artisanat présent.

Enfin, comme risque artisanal propre accompagnant cette traversée d'un siècle, le tournage en dix jours, dans les coulisses des interventions-spectacles, d'un film de Serge Bozon écrit par Axelle Ropert, L'imprésario, l'histoire d'un coup de foudre entre une journaliste et un imprésario qu'elle vient interviewer. Ce principe fictionnel permettra d'intégrer au montage des captures des activités quotidiennes, réactions du public incluses, tout invité se retrouvant, dans la fiction, managé par l'imprésario en question, et donc acteur du film. "


En partenariat média avec :






En partenariat technique avec :


Tacet #1: John Cage, Marcel Duchamp, Toshiya Tsunoda, Theodor Adorno, Pierre Schaeffer, Luc Ferrari par Ilan Kaddouch


La revue Tacet est une revue de recherche dédiée aux musiques expérimentales, en bilingue français / anglais, et consacre, en toute logique son premier numéro au compositeur américain John Cage en posant la question suivante : Qui est John Cage ? Le titre, Tacet, est expliqué par Xabier Erkizia, dans son article «A l’écoute de notre propre surdité». John Cage intitula les mouvements de son oeuvre 4’’33 «Tacet», ce qui signifie en latin «Il / elle se tait». Ce terme est utilisé en musique pour indiquer qu’un instrument doit garder le silence durant toute une partie. C’est donc sous le patronage de John Cage que se place la revue Tacet.

Le revue s’organise en quatre parties. La première s’intitule Flux, elle traite donc intégralement de la thématique, à savoir John Cage. La seconde partie, Influx, explore des sujets connexes en prenant plus de liberté sur la thématique. La troisième, Aflux, regroupe des archives ou documents. Enfin, Reflux, est une rubrique de critique d’ouvrages ou d’événements.
La première partie, la plus conséquente des trois, est traversée par trois thématiques: la recherche du personnage, de l’homme John Cage, son homosexualité, un témoignage d’un musicologue, Jean-Yves Bosseur qui fut proche de lui; la grande question Cagienne du silence, principalement traitée à partir de sa pièce pour piano 4’’33; et la thématique de la musique conceptuelle, pour laquelle Cage doit beaucoup à son ami Marcel Duchamp, et marquée par l’improvisation. 
La revue reconstitue également la bibliothèque de John Cage à travers ses dits et écrits.


Parmi les nombreux articles, en voici quelques uns qui ont attiré notre attention.
Toshiya Tsunoda, compositeur japonais, narre son évolution esthétique au sein du mouvement des musiques expérimentales, et plus particulièrement du field recording. Le field recording consiste à enregistrer des environnements sonores. Tsunoda nous explique qu’au départ, sa volonté était de restituer au plus juste la réalité d’une atmosphère sonore. Que se passe t-il dans une clôture ou une bouteille de verre ? Tsunoda s’est attaché à présenter la transmission des vibrations, la façon dont un matériau restitue son environnement sonore, comment il se met à vibrer, en utilisant des micros en contacts avec l’objet vibrant. Un objet devient un sujet au sein d’un espace, miroir déformé de cet espace. Mais Tsunoda lui-même est un sujet de l’environnement, c’est pourquoi sa dernière idée consiste à se placer un stéthoscope sur les tempes, dans lequel il installe des micros d’ambiance, ce qui lui permet d’enregistrer le son de ses muscles, sa circulation sanguine, ou encore le son du vent frappant son visage. Il restitue maintenant la réalité sonore sous la perspective de sa propre perception.

«Faire entrer la société dans le son» écrivait le compositeur Luc Ferrari. Matthieu Saladin  pose la même question que le philosophe Theodor Adorno concernant le caractère fétiche de la musique, mais cette fois au sujet de la musique expérimentale. La problématique est celle-ci : la musique expérimentale se pose en critique de la tradition musicale, mais au prisme d’une analyse adornienne, Matthieu Saladin montre qu’elle fait preuve d’un fétichisme manifeste, entamant par là-même ses velléités critiques. Les musiques expérimentales, selon l’auteur, n’ont qu’un mot à la bouche, de Pierre Schaeffer à John Cage : le son. Le terme de musique est substitué au mot son, qui doit être émancipé de toute histoire. Mais cet idéalisme contenu dans le retour à une nature sonore, est critiqué par Adorno qui y identifie un danger de fétichisme de l’autonomie,  qui coupe l’oeuvre ainsi produite de sa réalité sociale. Malgré le fait que les musiciens expérimentaux pourraient croire qu’en autonomisant leur art, ils se préservent de sa récupération marchande par les industries culturelles.   


Un grand thème de l’esthétique de John Cage est la musique conceptuelle qu’explore Sophie Stévance dans son article à travers le lien entre Marcel Duchamp et Cage. Marcel Duchamp a en effet composé deux partitions musicales en 1913, selon un principe de hasard, comme une sorte de réaction à la musique romantique qu’il n’aimait pas, et pour la pousser à ses propres limites. C’est bien cette usage du hasard pour soustraire leur art de leur propre intention qui réunit ces deux artistes. L’auteur définit la musique conceptuelle comme une musique ne nécessitant pas d’être exécutée, contrairement à la musique traditionnelle, et elle l’apparente au système musical de Duchamp qui vise principalement à parvenir à l’indifférence esthétique.


Il sera intéressant de lire l’entretien avec le musicologue Jean-Yves Bosseur, qui a connu Cage en personne et l’a interviewé, et qui revient sur la réception de l’oeuvre de John Cage notamment en France.
Nous attendons la thématique du prochain numéro, après ce passage obligé par John Cage.

Ilan Kaddouch

mercredi 10 octobre 2012

À tous ceux qui veulent (enfin) entendre un objet « chanter » !


Cet outil baptisé « An Instrument for the Sonification of Everyday Things »  inventé par Dennis P. Paul permet de créer un son à partir d’un objet quelconque.
Vous pouvez voir le résultat ICI 

vendredi 21 septembre 2012

Molecule Synth : les instruments de musiques à monter soi-même

Avec la montée de l'électronique et du DIY (Do It Yourself), fabriquer soi-même son propre instrument de musique n'est désormais qu'une question de volonté et de patience, mais plus vraiment une question d'expertise.

Désormais, vos compétences en bricolage et en musique électronique sont liées. Un projet monté par Kickstarter, appelé le " molecule synth ", fournit aux amateurs un kit en pièces détachées leur permettant de monter un instrument complet. Le kit comprend un capteur de pression, un joystick, des générateurs de son, une enceinte et une entrée MIDI, monter votre propre instrument devient alors un jeu d'enfant.



Qui n'a jamais rêvé de créer son propre instrument de musique, le constuire, le reconstruire autant de fois possible?

Marie Esbert

mardi 18 septembre 2012

Quand le Hip - Hop est mis à l'honneur




Au sein du plus large mouvement de la naissance des industries culturelles, la musique a enfanté une nouvelle pratique, celle du beatmaker. Personnage dans l’ombre, il joue pourtant depuis les premiers temps de l’histoire de la musique « rap », un rôle déterminant. Tout a commencé de l’autre côté de l’océan, dans les zones urbaines de Big Apple où quelques jeunes décident au cours d’une soirée dansante de s’emparer du microphone pour improviser des vers sur de la musique « funk ». C’est la naissance du rap. Pour le moment, ils « balancent » leurs mots sur des extraits de disques préexistants à leur pratique. Les discs jockeys bricolent et mixent des breakbeats, des passages très rythmés à partir de morceaux connus de James Brown, de Fela Kuti, etc. Les rappeurs ne tarderont pas à souhaiter posséder leurs propres versions instrumentales. Les beatmakers s’en chargeront.

Les « sculpteurs » de bandes musicales Hip-Hop, plus couramment appelés beatmakers, se sont très tôt intéressés au monde des musiques « savantes ». Pour le plus grand bonheur des rappeurs, l’activité de sampling c'est-à-dire d’« échantillonage », consistant à extraire un ou plusieurs sons d’une musique pour élaborer une nouvelle composition, s’est souvent matérialisée dans le cadre de ce mouvement, par la reprise de pièces « savantes », écrites, découpées puis rejouées en boucle. Le « beat » (batterie) et la « basse » de facture électronique constituent les ingrédients essentiels à l’élaboration d’une « face B », à la version instrumentale du futur morceau achevé. L’« habillage » (mélodies, nappes harmoniques) lui donne sa « couleur ». Un beat, une basse, un sample représentent trois aspects d’une instrumentale rap. La musique dite savante constitue un immense réservoir d’ambiances et de mélodies dans lequel les beatmakers n’ont  pas hésité à puiser.   

En dehors de la question esthétique du goût, deux raisons majeures semblent piloter le choix de ces artistes-artisans bientôt récupérés par l’industrie du disque. Parmi les concepteurs de bandes instrumentales, très peu détiennent une formation de musicien, de chanteur confirmé. Peu suivent ou ont suivi des cours en conservatoire, en école de musique. Originaires des quartiers pauvres des mégalopoles américaines, ils ne peuvent pas avoir accès aux droits (copyrights) sur des morceaux contemporains. Trop coûteux. L’usage du sampling comme technique de création et l’emprunt d’éléments relatifs aux musiques tombées dans le domaine public se révèlent idéals pour poursuivre un travail entamé par les Dj’s de la ville de New York, à l’instar de Kool Herc, à la toute fin des années 1970. Etant donné son impact et, pour comprendre les rapports qu’entretient le rap avec les musiques « savantes », il apparait crucial de prendre en considération le contexte socio-économique d’où sont issus les pionniers de ce genre.

Quelque vingt an plus tard, politique commercial oblige,  les ritournelles devenues « cultes », les thèmes accrocheurs provenant du monde des musiques baroques, classiques, romantiques, entendus à la radio, diffusés sur les postes de télévision, réinvestis par les comédies musicales, sont exploités pour atteindre et élargir la masse des consommateurs de rap. Les maisons de disques décident de faire appel à des orchestres de professionnels pour rejouer en studio des airs que l’auditeur « lambda » (notamment le non-mélomane) saura aisément reconnaître. La Pavane en fa # mineur de Gabriel Fauré contribue ainsi à la célébrité du rappeur Xzibit qui se distingue en 1996 avec son titre : Paparazzi. Dans la veine de ce projet, la compilation The Rapsody Overture se veut être une rencontre entre des rappeurs autrement dit des « maîtres de cérémonies » (« Mc’s »), américains et des compositeurs européens de la tradition tels Bach ou Puccini. Nous sommes en 1998. C’est l’époque du « métissons à tout prix » et la qualité n’est malheureusement pas au rendez-vous. Le rappeur West Coast Warren G reprend sur ce disque de « fusion » Le Prince Igor d’Alexandre Borodine. Les refrains sont assurés par la soprano norvégienne Sissel Kyrkjebo encouragée par Mercury Records qui souhaitent mêler des répertoires perçus comme « séparés », « distants », « aux antipodes » les uns des autres.

Il faudra attendre les années 2000, voire 2010, pour que rap et musiques « savantes » trouvent enfin leur équilibre dans le dialogue. Par-delà les clichés, les simplifications, les réductions, l’arrangeur et chef d’orchestre Miguel Atwood-Ferguson, en collaboration avec Carlos Nino, a su organiser la rencontre. En rendant hommage à l’œuvre du regretté beatmaker et rappeur James Dewitt Yancey dit Jay Dee ou Jay Dilla (1974-2006), il élabore Suite for Ma Dukes où sont présents les éléments les plus intéressants du rap, de l’electronica, du jazz californien des années 1950, de la musique « savante » influencée par Ravel et Debussy. Il fabrique une musique hybride et sensuelle qui n’est pas cette fois le résultat d’une tentative forcée, « tirée par les cheveux ». Avec ce projet, il ne cherche pas à revaloriser l’image du rap souvent sous-estimée par les protagonistes des musiques « savantes ». Il ne souhaite pas non plus rendre les musiques du répertoire (sacralisées à tort) plus « sympas », plus « cools ». Le baggy pant (le jean large) n’est pas de rigueur, la queue de pie non plus... Suite For Ma Dukes est le résultat d’une démarche pertinente, fédérant des artistes au service de l’expression, qui fait voler aux éclats les catégories. Il n’y a qu’à observer le chef d’orchestre pour s’en convaincre. A la battue, aux gestes donnés par les mains et les bras pour guider les musiciens de l’orchestre, s’ajoute toute une série de mouvements swing (balancements du tronc, de la tête, gimmicks) qui rappellent les actions des rappeurs quand ils cherchent à naviguer sur le tempo (cf. vidéos Untitled / Fantastic et Take a notice par Atwood-Ferguson).

Par Julien Grassen-Barbe



La musique et la rationalisation du temps au XIIIème siècle



Comme chacun sait, la musique est dépendante du facteur temps : toute partition impose des indications précises et calibrées par son compositeur (tempo, rythme, mode, etc) à son interprète. De fait, la musique est un art du temps. D’où provient cette notion de temps et sa retranscription sur le papier ?

Avant le XIIIème siècle, seules les hauteurs (le fait qu’un son soit plus ou moins aigu) étaient fixées sur la partition.
Quelques rares marquages étaient indiqués : un temps de pause approximatif ou une respiration.
Ces indications, très peu généralisées, suivaient la logique du texte liturgique chanté. De cette écriture musicale sont issus les premiers éléments de ponctuation : par exemple, la virgule qui annonçait la notion d’une pause courte et le point qui annonçait la notion d’une pause longue.

La conception du temps dans la musique dite occidentale est héritière de changements issus du XIIIème siècle. Cette période constitue un jalon dans l’histoire des représentations du temps.
En effet, l’histoire fonctionne par croisement d’idées : la musique a participé activement à cette aventure. Dans cette conception, l’historien Jacques Le Goff écrit que « la musique subit alors l’effet convergent de mutations intellectuelles et mentales qui s’ordonnent autour de trois notions : la raison, le nombre et le temps, dont la combinaison produit une véritable révolution conceptuelle ».


C’est à cette époque que la musique passe d’un procédé non mesurée à un procédé mesurée. « Non mesuré » signifie que lorsqu’on indique une note mais qu’on ne lui attribue aucune notion de durée, et « mesuré » signifie son contraire : on note sa durée. Ce passage d’une musique non mesurée à une musique mesurée est en lien avec la séparation du profane et du sacré : le sacré étant le temps de Dieu qui lui ne souffre d’aucune mesure. Le désir de mesurer (ou déterminer la mesure) ouvre la voie à la science, à la rationalisation et au temps.

Au XIIIème siècle, le concept de mesure musicale est introduit au sein de l’église. Jean de Garlande définit la mesure comme : « la connaissance des sons selon la longueur et la brièveté du temps ». Le temps musical qui était jusqu’à là considéré comme continu à l’instar du temps divin, devient divisible en unités, en notes brèves et en notes longues. La manière de noter le rythme est ce que l’on appelle la théorie des modes : le compositeur indique le mode rythmique qu’il utilise. Le mode est une cellule rythmique (par exemple le premier mode : longue-brève-longue-brève) qui se répétera du début à la fin du morceau. Le mode choisi constitue une unité temporelle qui peut être divisée, combinée ou augmentée, afin d’élargir le spectre des possibles. Ce nouveau mode de mesure répond au besoin de systématisation des compositeurs parisiens qui sont le centre de l’activité musicale à cette époque. Leurs œuvres devenant de plus en plus complexes à cause du nombre croissant de chanteurs, une notation du temps devient nécessaire. En effet, ces compositeurs composaient des « motets », type d’écriture musicale superposant plusieurs voix, et ces différentes voix étaient ordonnées pour produire un effet d’homogénéité et de continuité. Mais pour cela, il fallait que les chanteurs puissent se repérer dans le temps les uns par rapport aux autres, et ainsi être « en place » : comment tombe une note par rapport à une autre ? Est-elle en même temps, après …?

En parallèle, la mesure du temps et ses techniques convergent avec les besoins d’une société marchande en croissance. En effet, le commerce et l’emploi salarié créent un besoin de mesure. De cette nécessité est apparu l’horloge mécanique qui devient le représentant du passage d’une imitation analogique de la nature (le temps coule comme l’eau pour l’horloge hydraulique) à un modèle abstrait. La force motrice de l’horloge est donnée par un poids, retenu par un mécanisme d’échappement en saccades régulières, correspondant à autant d’unités que de saccades. « A partir de la continuité du temps, on établit une quantité mesurable » écrit Sylvain Piron.




Le temps est désormais pensé, et vécu, à la fois comme continu et mesurable par division. C’est donc à cette époque que prend naissance la représentation que chacun de nous se fait du temps. Un temps permettant la prise de rendez-vous précise entre des individus, mais aussi vécu comme une succession de moments continus.

vendredi 7 septembre 2012

Connaissez-vous l’ Holophonie ?


Crée en 1980 par l'Argentin Hugo Zuccarelli, l'holophonie utilise des enregistrements réalisés grâce à des microphones placés dans les oreilles (reproduits à l'identique) d'un mannequin.  Cette technique permet un rendu très réaliste car le déphasage dû à la distance oreilles/microphones et à la vitesse du son lors de l'enregistrement restitue quasi intégralement la spatialisation telle que notre cerveau la perçoit. Les caractéristiques sonores de l'holophonie ne fonctionnent qu'à travers un casque ; alors : A vos casques, prêts, partez !

Des artistes comme Michael Jackson ("Bad") et Paul McCartney l'ont utilisé, sans franc succès. De nos jour, le système Wave Field Synthesis (WFS) vient prendre la relève pour un effet encore plus déroutant !

Pour plus d'information sur le système WFS : site de l'IRCAM.

mercredi 5 septembre 2012

La reconnaissance des logos sonores des marques – Sondage réalisé par Akoustic Arts


Il est des logos ou signatures sonores qui marquent, restent en tête toute la journée et dont les premières notes permettent immédiatement d’identifier la marque à laquelle ils sont associés.

Akoustic Arts a réalisé un sondage auprès d’un panel de 150 individus, en leur posant une seule et simple question: « Spontanément, quelles sont les marques ou les entreprises pour lesquelles vous avez en mémoire un ‘logo sonore’ ? »

Les résultats ci-dessous donnés correspondent au pourcentage de réponses spontanées après la lecture de la définition.





Rien d’étonnant dans ces résultats, voici même un ensemble de résultats classés par catégories de marques, ,avec entre autre l’alimentaire, les assurances, l’automobile etc.




Qu’en est-il de vous, vos réponses spontanées correspondent-elles aux résultats de notre sondage? 

Marie Esbert

Déjà un siècle pour John Cage


Aujourd'hui même, John Cage fête son 100ème anniversaire. Bien que disparu depuis déjà 20 ans, ce père de la musique contemporaine et innovateur dans le domaine sonore est toujours un des musiciens les plus influents d'aujourd'hui.

Elève de Henry Cowell puis d'Arnold Schönberg, ami de Pierre Boulez, il s'illustre dès 1935 comme précurseur avec sa célèbre pièce pour piano préparé (un piano altéré par divers objets placés sur les cordes).
Son influence sur la musique est importante, sa considération pour les sons quotidiens ou encore le silence permet à de nombreux genres de se développer comme la musique ambient, la musique concrète ou encore l'art sonore. 

Pour fêter son 100ème anniversaire, le John Cage Project (composé de Etienne Jaumet, Giani Caserotto, Fabrizio Rat, Ronan Courty et Julien Loutelier ) organise une série de concerts à travers la France dont le 16 décembre prochain à la cité de la musique de Paris. Vous pourrez notamment y écouter les oeuvres : Melodie, Toy Piano, Story, First construction in metal, Four...



"Chaque chose dans le monde possède un esprit propre qui peut être réalisé sous forme de vibration"
John Cage

B.E.

mardi 4 septembre 2012

Nick Pitera : entre Pixar et Disney son coeur balance

Nick Pitera est un phénomène depuis quelques mois, mais peut-être n'avez vous pas encore entendu parler de lui. Depuis quelques années, Nick Pitera travaille comme animateur chez Pixar mais son rêve le plus fou, c'est de doubler les voix des personnages de Disney.
Fan incontestable des dessins animés Disney, Nick Pitera a décidé de rendre hommage aux personnages et à leurs créateurs en réinterprétant les chansons les plus connues issues des plus grands chefs-d'oeuvre de Walt Disney.


Dans sa vidéo la plus connue, Nick Pitera interprète 6 personnages en même temps, tels que Blanche Neige, la Petite Sirène, Aladdin etc. Impressionnant!

Ce chanteur a une tessiture étonnante, pouvant facilement atteindre les notes les plus aiguës comme les plus grave avec une facilité déconcertante. Il a également un grand talent d'imitation, puisqu'il imite presque à la perfection les voix des personnages Disney.
D'autres chanteurs, comme Philippe Jaroussky, à gauche, ont ce don étonnant de pouvoir atteindre les notes les plus aigues possible. Ce contre ténor français est en voix de poitrine baryton, c'est à dire normalement sans graves ou aigus particuliers.
 Il joue alors sur scène en alternant sa voix de poitrine et sa voix de tête, avec laquelle il atteint des sons beaucoup plus aigus, le tout donnant un effet comique assez intéressant.



M. E.


lundi 3 septembre 2012

Connaissez-vous la salle de l'écho et sa particularité acoustique ?



La salle de l’Echo de l’Abbaye de La Chaise Dieu a pour particularité le fait qu’il est possible pour deux personnes de chuchoter en étant à deux angles diamétralement opposés sans que personne dans la salle ne puisse les entendre. Pour avoir visité cette salle du XVIIe siècle, je peux vous dire que c’est très surprenant ; d’autant plus que personne ne sait réellement si c’est un hasard architectural ou bien de savants calculs permettant aux moines de confesser les lépreux (whisperring gallery, Angleterre). La dernière hypothèse est mise à mal par l’absence de lépreux à l’époque dans cette région mais cela n’enlève rien à la singularité du lieu (cf. photo). Pour admirer les qualités acoustiques de cette salle, visiter l’Abbaye de La Chaise Dieu ou encore, rencontrer un boucher qui connait vraiment bien son métier, rendez-vous à La Chaise Dieu en Haute-Loire !


M.L.R

jeudi 30 août 2012

Nadia Boulanger (1887-1979)


Nadia Boulanger est une pianiste, organiste, chef d’orchestre et pédagogue française qui a exercé une influence considérable sur la vie musicale du 20eme siècle finissant.
Issue de quatre générations de musiciens, son père est un compositeur reconnu tandis que sa mère est issue d’une famille princière de Russie. Dans les années 20, Nadia arrête de composer. Elle veut se concentrer sur la promotion de l’oeuvre de sa soeur Lili décédé à l’âge de 24ans.



En 1925, Nadia fit sensation aux Etats Unis lors d’une tournée en tant qu’organiste. Elle commença ensuite à donner des cours au Conservatoire Américain de Fontainebleau. Tout les plus grands vinrent ainsi prendre des cours avec La fameuse Mademoiselle Nadia Boulanger. Mais, Nadia ne faisait jamais aucunes confidence la concernant ou concernant les innombrables personnalités du monde artistique qui avaient été ses intimes. Elle était aimée et adulée de tous, quant à elle, son monde était  « Un monde fait de rigueur, d’intransigeance, mais aussi, la technique musicale une fois dominée, d’abandon au mystère de l’inspiration. Car si elle était impérieuse et draconienne, envers les autres autant qu’envers elle-même, elle irradiait également la tendresse, l’humour, et la joie de faire de la musique. » Bruno Monsaingeon.

On entend souvent parler des "Mercredis de Nadia Boulanger". Ces célèbres mercredis étaient un cours qu’elle donnait chez elle à une 50aine de personnes qui venaient étudier et résoudre un problème musical. Puis, petit à petit, en même temps que sa réputation grandissait,  les mercredis de Nadia Boulanger se transformèrent, et de plus en plus de personnalités furent au rendez vous, transformant ainsi son salon en un haut-lieu parisien.

Parmis ces 1200 élèves on nomme Aaron Copland, Philip Glass, Pierre Henry, mais aussi d'autres artistes comme Quincy Jones ou Pierre Schaeffer, père de la musique concrète et électroacoustique .


Leonard Berstein, qui fut un précieux ami de Nadia Boulanger, nous raconte :

La dernière fois que je rendis visite à Nadia fut le jour de son dernier anniversaire
Qu’elle était belle, Nadia, dans sa toilette impeccable et quasi mortuaire, prête pour le cercueil. Un crucifix resplendissait, attaché à son cou. Ses yeux et sa bouche étaient clos dans un coma qui envahissait son visage. Je m’agenouillai auprès de son lit en une communion silencieuse. Mais soudain, il y eut le choc de sa voix, profonde et forte comme elle l’avait toujours été :
« Qui est là ? »
Dans ma stupéfaction, je n'arrivais pas à répondre.

L’index de Mademoiselle Dieudonné était déjà sur ses lèvres, comme pour imposer le silence.
Je me risquai enfin à parler :
« C’est Lenny, Léonard… »


Silence. Avait-elle entendu, avait-elle compris ? 


« Cher Lenny… » 

Elle savait. Instant miraculeux. 

Je persévérai : 

« Chère Nadia, comment vous sentez-vous ? » 

Une pause. Puis à nouveau, à travers ses lèvres immobiles, son basso profundo : 
« Tellement forte ». 
Je repris mon souffle. 
« Vous voulez dire…intérieurement ? » 
- Oui, mais le corps… ! 
- Je comprends bien, murmurai-je rapidement pour ne pas prolonger ses efforts. 
« Je pars. Vous devez être très fatiguée ». 
- « Pas de fatigue. Point… » 
A la longue pause qui suivit, je réalisai qu’elle était retombée dans son sommeil.


Sidérées, les dames de compagnie me firent signe que je ferais bien de partir, mais je restai cloué là, incapable de me relever. Je savais qu’autre chose allait se produire et en effet, au bout de quelques minutes : 


« Ne partez pas. » Pas une prière, un ordre. Très ému, je cherchais quoi dire qui fut à propos, sachant que tout pouvait tomber à côté. C’est alors que je m’entendis lui demander : 

« Vous entendez de la musique dans votre tête ? » 

La réponse fut immédiate : 

« Tout le temps, tout le temps. » 

Encouragé, je continuai, comme dans une conversation de tous les jours : 
« Et qu’entendez-vous en ce moment ? » 
Je pensais à tout ce qu’elle avait le plus aimé. « Mozart ? Monteverdi ?Bach ? Stravinsky ? Ravel ? ». Long et nouveau silence. 
« Une musique…(pause prolongée)…ni commencement, ni fin… » 
Elle était déjà là-bas, sur l’autre rive.

Aujourd’hui,Nadia, aux cotés de sa soeur Lili, continu d’exister à travers Le centre International Nadia et Lili Boulanger. Détenteur du droit moral et patrimonial des deux soeurs musiciennes, le centre s’est fixé pour but de veiller à la pérennité de leur souvenirs en s’appliquant à donner à leurs oeuvres et à leurs archives le maximum de diffusion. Pour cela des bourses d’études sont attribuées à de jeunes musiciens extrêmement talentueux et des concours de chant et piano sont organisés.

Je vous invite vivement à regarder le film de Bruno Monsaingeon illustrant avec émoi et réalisme le portrait de Mademoiselle Nadia Boulanger.

Et pour conclure avec les mots du réalisateur,

Nadia Boulanger était et demeure une légende.


Maïlys Blanchard